Avis de naissance : un nouveau contrat aidé vient de voir le jour. Baptisé « emplois d'avenir », ce dispositif est réservé aux jeunes de 16-25 ans sans qualification habitant dans des zones défavorisées. Ils pourront notamment être recrutés par la Fonction publique territoriale. Un coup de pouce bienvenu pour se forger une première expérience professionnelle.
D'ici fin 2014, 150 000 emplois d'avenir (dont 18 000 dans l'Éducation nationale) seront créés par l'État pour venir en aide aux jeunes de moins de 25 ans, sans diplôme, peu ou pas qualifiés, résidant dans des zones urbaines ou rurales difficiles, ou en outre-mer. 100 000 d'entre eux pourront postuler dès le 2 novembre prochain et jusqu'à fin 2013. Les 50 000 restants l'année suivante. Pôle emploi, les missions locales et les Régions seront chargés de leur suivi.
Ce sont les collectivités publiques - mais aussi les associations qui sont appelées à recruter le gros des troupes. Elles leur proposeront un contrat de travail à plein temps de un à trois ans, payé au Smic (1425,67 euros brut par mois), l'Etat prenant à sa charge 75% du salaire. Placés sous la responsabilité de tuteurs, tout en bénéficiant d'un dispositif de formation, ces jeunes viendront renforcer des secteurs d'activité en tension comme l'animation, la culture, les loisirs, le social, l'environnement ou les technologies de l'information.
Quelques employeurs publics commencent déjà à préciser leurs perspectives d'embauche.
« Nous envisageons de recruter une quinzaines de jeunes dans des postes d'accueil, annonce Gildas Barruol, Directeur général des Services au Conseil Général du Doubs. Certains pourront conseiller les usagers ou les touristes sur notre parcours Véloroute, aider nos agents à installer des ordinateurs dans les communes ou des équipements pour les personnes âgées, ou rejoindre des chantiers d'insertion dans le bâtiment ou les espaces verts ».
Dans un communiqué, Gilles Demailly, maire d'Amiens et président de l'Agglomération Amiens Métropole, se dit « prêt à accueillir rapidement une centaine de jeunes » dans des fonctions de messagers du tri, dans la gestion des espaces verts, l'entretien des berges, l'animation de la ville ou d'ateliers multimédia.
A Palaiseau, en région parisienne, Caroline Gibert, responsable formation et recrutement de la Ville, voit dans ces emplois d'avenir une bonne occasion de recruter des personnes handicapées. « Nous pourrions en embaucher deux de plus pour atteindre ainsi le taux d'emploi légal de 6% ». Car les contrats d'avenir sont aussi ouverts aux jeunes handicapés de moins de 30 ans peu qualifiés.
Au niveau régional, le dispositif remporte l'adhésion des élus. Dans un communiqué, l'Association des Régions de France « se félicite de la mise en place des emplois d'avenir et de leur orientation prioritaire vers les jeunes les plus éloignés de l'emploi et aux faibles niveaux de qualification ». Elle se dit « prête à contractualiser avec l'Etat » pour promouvoir et mettre en oeuvre ces emplois. C'est le cas par exemple au Conseil Régional des Pays de la Loire. Catherine Piau, conseillère régionale et adjointe au maire de la ville de Nantes, explique ici que « la création de ces emplois permettra de proposer une première expérience, de faire naitre des vocations et d'éloigner les jeunes des difficultés à se loger et à boucler les fins de mois ». De son côté, Cyril Cibert conseiller régional du Poitou-Charentes signale sur son blog que la Région a décidé de s'appuyer sur ces contrats pour accompagner 4 000 emplois tremplins régionaux d'ici 2014.
Mais quelques avis plus sceptiques, voire défavorables, aux emplois d'avenir se font aussi entendre.
Cédric Szabo, directeur de l'Association des Maires Ruraux de France estime qu'ils sont « un outil de plus » qui ne va pas résoudre tous les problèmes. « Comment feront ceux qui n'ont ni voiture ni accès au transport en commun pour rejoindre un employeur potentiel se trouvant à une vingtaine de kilomètres de leur village ? Ces jeunes en milieu rural auront-ils la même égalité de chances que les jeunes vivant dans des zones urbaines ? » Pour Patrick Devedjian, Président du Conseil général des Hauts-de-Seine, déjà hostile à tous contrats aidés même « défendus par des gouvernements amis », le dispositif n'est qu'un « parking à chômeurs » (Paris Match).
Plus mesurée, Patricia Tordjman, maire de Gentilly et présidente de l'Agglomération de Val de Bièvre (7 communes au sud de Paris), s'interroge sur la pérennité des contrats d'avenir. « Que se passe-t-il au bout des trois ans ? ». Et de rappeler que le statut de la Fonction publique offre déjà une garantie d'emploi et de formation à des jeunes sans diplôme et sans qualification à travers le PACTE*. « Pourquoi l'État n'augmente-t-il pas plutôt la dotation des collectivités pour qu'elles puissent créer de « vrais » emplois qualifiés et statutaires ? ». Mais peut-être que le problème devrait se poser davantage en amont. Pour Patricia Tordjman, « la question est plutôt de savoir pourquoi 150 000 jeunes sortent chaque année de l'école sans qualification ».
* Parcours d'accès aux carrières territoriales, hospitalières et de l'État
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