Rien de moins glamour que de travailler dans une prison. Pourtant à voir le clip et les affiches de la nouvelle campagne de recrutement de l'administration pénitentiaire, cet a priori risque de tomber. On y voit un jeune homme barbu au regard vert et au sourire engageant, "fier de servir la justice". C'est le nouveau slogan dévoilé le 1er octobre dernier par le ministère de la Justice pour attirer 1500 futurs surveillants pénitentiaires.  

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Gardien de prison : un métier d'écoute et de rigueur

«Avec une campagne sur la fierté, on veut tordre le cou aux caricatures. Surveillant pénitentiaire est un métier qui nécessite de grandes qualités humaines. En prison, si la parole ne circule pas, l'établissement est en danger. Et cette parole, ce sont les surveillants qui la recueillent, la canalisent…» explique Isabelle Gorce, la directrice de l'administration pénitentiaire (source : Libé).  Aujourd'hui, plus de 25 000 personnels de surveillance travaillent dans le milieu carcéral et ils sont loin d'en avoir honte. Comme Muriel, surveillante générale et formatrice à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis. "Porter l'uniforme pour moi c'est représenter l'administration pénitentiaire. Ce n'est pas un métier difficile c'est un métier sensible. On gère de l'humain, ce n'est pas simple. Il faut être capable de transmettre des consignes et de communiquer..." Avoir de l'autorité, être rigoureux et stable, faire preuve de respect et d'écoute, être impartial et prêt à travailler de jour comme de nuit, sont autant de qualités pour réussir dans ce métier et faire face aux nouvelles missions de la pénitentiaire comme "l'extraction judiciaire", la "surveillance de détenus radicalisés" ou la "détection du risque terroriste" (AFP).

1452 euros net par mois pour un surveillant débutant

Avant de rejoindre l'un des 191 établissements - maisons d'arrêt ou établissements pour peine -, les aspirants fonctionnaires doivent d'abord passer le concours de surveillant de l'administration pénitentiaire. Accessible aux titulaires du brevet, d'un CAP ou BEP, ayant entre 19 et 42 ans, ce concours est dans les faits plutôt prisé par d'autres profils : "Nombreux sont les bacheliers à se présenter aux épreuves ainsi que des personnes de plus de trente ans en recherche d'une deuxième carrière" indique Stéphanie Tenaillon du Service de la communication. Comme Nicolas, diplômé d'un bac S et d'une licence en psychologie clinique, qui après une expérience de commercial et d'ambulancier a décidé de passer le concours. Les lauréats suivent ensuite une formation théorique et pratique de 8 mois rémunérée 1 452 euros net par mois (primes de stage incluses) à l'École nationale d'administration pénitentiaire (ENAP) d'Agen. Ces fonctionnaires de catégorie C peuvent ensuite évoluer vers des postes d'encadrement puis accéder à des postes de commandement jusqu'à assurer une fonction de chef d'établissement de moins de 200 places. Mais des fonctions plus spécialisées leur sont aussi ouvertes telles que moniteur de sport, chargé d'application informatique, membre d'une équipe régionale d'intervention et de sécurité (ERIS), formateur.

Conseiller d'insertion pénitentiaire : un métier d'équipe et de contacts

A travers cette campagne de recrutement nationale, l'administration pénitentiaire espère aussi séduire 200 candidats au poste de conseiller pénitentiaire d'insertion et de probation (CPIP), chargé de suivre et d'accompagner les condamnés dans leur projet d'insertion, en prison et en milieu ouvert. Là encore, le concours est obligatoire. Il est réservé aux bac+2 et sans condition d'âge. Comme les surveillants, les CPIP sont d'abord formés à l'ENAP pendant 24 mois payés 1 344 euros net par mois hors primes de stage avant de rejoindre un des 103 services pénitentiaires d'insertion. Joëlle exerce ce métier à la maison d'arrêt de Nanterre depuis quatre ans : "Je passe beaucoup de temps en entretien avec les détenus, il faut savoir bien les écouter pour évaluer leurs besoins dans un but d'insertion et de prévention de la récidive. J'ai aussi des échanges avec les juges que ce soit par téléphone ou par l'intermédiaire de rapports que je rédige pour des permissions de sortie ou des aménagements de peine, j'ai enfin des contacts avec des associations de réinsertion, Pôle emploi, les missions locales... C'est un métier d'équipe".

Les inscriptions au concours de surveillant de l'administration pénitentiaire sont ouvertes jusqu'au 7 décembre 2015. Les inscriptions au concours de conseillers pénitentiaires d'insertion et de probation (CPIP) sont ouverte jusqu'au 30 novembre 2015. C'est aussi le cas pour le concours de directeurs des services pénitentiaires.