Dans les collectivités locales, le taux d'illettrisme des agents atteint 8% contre 7% pour l'ensemble de la population adulte en France. Chacune s'engage à sa manière dans une démarche de prévention et de combat contre ce phénomène, déclaré « Grande cause nationale » en 2013.
14% des agents de catégorie C des trois versants de la fonction publique sont touchés par l'illettrisme, notamment en matière de maîtrise de l'écrit. Ils sont 8% dans la fonction publique territoriale avec des pointes de 14% en Martinique, 20% à La Réunion et en Guadeloupe.
« Les collectivités ont un double intérêt à agir sur le sujet. D'abord parce que l'illettrisme est une source de souffrance pour les agents qui le subissent, et aussi parce qu'il constitue, sinon un risque, au moins un déficit d'efficience pour la collectivité » estime François Deluga, président du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), qui mène depuis 2004 avec l'Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI) des actions communes auprès des collectivités.
La tâche n'est pas aisée tant le phénomène est encore tabou et problématique. Difficile de repérer les agents en situation d'illettrisme tout en évitant de les stigmatiser. De plus, certains, trop honteux, mettent en place de véritables stratégies de contournements pour cacher leurs lacunes dans les savoirs de base : la lecture, l'écriture, le calcul. « L'identification de ces agents peut venir de leurs encadrants, de leurs collègues ou des personnes relais comme les assistantes sociales, les formateurs internes sur l'environnement territorial, la bureautique ou l'hygiène et la sécurité, les médecins et psychologues du travail, les représentants syndicaux, indique le CNFPT. Plusieurs signes peuvent les alerter : l'agent ne prend aucune note, il faut lui expliquer un document écrit qu'il a pourtant reçu, il demande à ce qu'on remplisse un formulaire à sa place (demande de congés, déclaration d'accident de travail...) ». Une prise de conscience peut aussi avoir lieu lors d'absences ou d'échecs répétés aux tests d'entrée en préparation aux concours. La Ville de Tours et la Communauté d'agglomération Tour(s) Plus ont ainsi repéré 18 agents en difficulté lors de la préparation à l'examen professionnel d'adjoint technique de première classe. Un dispositif pédagogique piloté par le CNFPT a été mis en place avec les deux collectivités. 50 agents ont ainsi bénéficié d'un parcours de formation individualisé basé sur du volontariat, adapté à leur niveau de connaissances ainsi qu'à leur projet professionnel et personnel.
En 2012, le Centre national de la fonction publique territoriale a organisé 34 025 journées formation stagiaires dédiées à la lutte contre l'illettrisme, soit une augmentation de 88% par rapport à 2011.
Une fois la phase de repérage effectuée, les agents souhaitant entrer en formation passent un test et un entretien individuel d'orientation, puis après accord de la collectivité, ils entrent dans un dispositif personnalisé. « Nous travaillons sur la motivation, les besoins et le projet professionnels de l'agent avec des formations davantage axées sur la pratique professionnelle que sur l'enseignement scolaire, signale Lyna Srun, directrice générale adjointe en charge du développement de la formation au CNFPT. L'acquisition ou la consolidation des compétences de base se fait ainsi toujours dans le contexte professionnel de l'agent ». Selon le Centre national de la fonction publique territoriale, les résultats sont probants. « Les agents se sentent plus en confiance et plus motivés. Ils renouent avec le goût d'apprendre et prennent des initiatives. Ils peuvent également poursuivre une formation technique ou valider les acquis de leur expérience professionnelle ».
A feuilleter en ligne : le livret sur l'illettrisme, édité par le CNFPT.
Selon l'étude qualitative du CNFPT datée de 2011 réalisée auprès de 21 collectivités, les agents engagés dans les dispositifs de formation appartiennent à la catégorie C et sont souvent embauchés par recrutement direct. Ils travaillent dans les services techniques (voirie, bâtiment, espaces verts), la propreté et les déchets, l'entretien des locaux, la vie scolaire et l'enseignement, la petite enfance, les musées et la restauration. Ils pratiquent essentiellement des métiers d'exécution particulièrement exposés aux risques d'usure professionnelle et aux problématiques de reclassement. Mais les collectivités observent aussi une grande diversité de cas souvent isolés au sein d'autres services (policier municipal, animateur...).
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