« J'ai travaillé 12 ans dans le privé avant de rejoindre la fonction publique. En fait, cela faisait quelques temps que je songeais à changer de métier, surtout depuis qu'une amie, bibliothécaire dans une commune, me parlait avec enthousiasme de sa profession. Fin 2009, lorsque je me suis fait licencier, j'ai jugé que c'était le bon moment. Un bilan de compétences m'a confirmé que j'étais apte à exercer un métier culturel au contact du public. Ma décision était prise.

Plus que la fonction publique, j'ai choisi un métier - celui de bibliothécaire - que je tenais à pratiquer dans une bibliothèque municipale, pour être en relation directe avec la population, la conseiller, l'informer. Ce qui est moins possible dans une bibliothèque universitaire où les étudiants font leurs travaux de recherche généralement tout seuls. La fonction publique territoriale est donc l'environnement professionnel qu'il me fallait. Mais je devais d'abord me former au métier.

J'ai trouvé une formation reconnue, dispensée par l'Ecole de bibliothécaires documentalistes. Le soir, j'étais en cours, la journée en stage. J'ai travaillé quelques mois dans une médiathèque. Là, avec deux agents contractuels, j'ai préparé le concours d'adjoint territorial du patrimoine que j'ai eu. Nous étions entre 800 et 900 candidats pour moins de 100 postes. Il est vrai qu'avec mon Bac+4 en commerce international, j'aurais pu prétendre à un concours de catégorie B au lieu de celui-là de catégorie C (niveau BEP-CAP). Mais pour s'inscrire au concours, il fallait être titulaire d'un diplôme des métiers du livre que je n'avais pas encore.

Je n'ai pas tout de suite cherché un emploi dans une collectivité. Le centre de documentation d'une association environnementale dans lequel j'effectuais un stage m'a proposé un CDD d'un an. J'avais le concours mais je ne pouvais pas refuser cette offre qui me permettait d'acquérir une expérience professionnelle significative.

A la fin de ce contrat, j'ai passé un entretien dans une commune du 92. La bibliothèque de la ville cherchait un CDD de 8 mois pour remplacer un congé maternité. Le départ à la retraite d'un agent m'a ensuite permis d'être recrutée en tant qu'adjoint du patrimoine en octobre 2013. A l'issue d'une période dite "de stagiérisation" d'un an, je devrais être nommée titulaire. Entre temps, je suis tombée enceinte. Ma période de stagiérisation est donc suspendue le temps de mon congé maternité.

Comme j'avais le diplôme de bibliothécaire-documentaliste et que je ne voulais pas me retrouver coincée dans des responsabilités d'exécution, j'ai décidé de me présenter au concours d'assistant territorial de conservation du patrimoine et des bibliothèques principal de 2ème classe en novembre 2013. Les résultats d'admissibilité tomberont fin janvier 2014. Ce concours de catégorie B permet de prendre en charge un fonds documentaire, de manager une petite équipe d'agents. En fait, les missions varient beaucoup en fonction de la collectivité qui vous emploie. Mais pour l'instant, j'ai encore plein de choses à apprendre en tant qu'adjoint du patrimoine au sein de la bibliothèque où j'exerce.

Si je compare ma vie professionnelle actuelle avec celle d'autrefois dans le privé, j'ai trouvé aujourd'hui une véritable qualité de vie. Avant, je devais tenir des objectifs de rentabilité de plus en plus serrés, "faire du chiffre", j'avais des horaires à rallonge difficilement compatibles avec une vie de famille, j'étais souvent stressée. Aujourd'hui, je suis plus sereine, j'aime mon travail et le contact avec le public. Même si j'ai fait le choix de diviser mon salaire par deux et que certaines contraintes administratives de la fonction publique sont parfois un peu pesantes.

Je ne regrette pas le choix de ma réorientation. Je suis contente de me dire que rien n'est figé, que l'on peut avoir plusieurs vies professionnelles. De plus, avoir travaillé dans le privé puis intégrer le service public est une richesse. Je trouve intéressant de pouvoir cumuler la vision des deux secteurs ».