Sylvie F. est fonctionnaire depuis 22 ans. Ancien agent territorial, elle est aujourd'hui adjoint administratif à l'Etat chargé de la gestion du budget dans un tribunal administratif. De détachement en mutation, cette maman solo s'est forgée une expérience très variée. Et pense déjà à sa prochaine évolution professionnelle.
« Je suis entrée dans la fonction publique par obligation. Comme je suis seule avec mes deux enfants, j'y suis restée. Je ne peux pas me permettre de faire autre chose. C'est un confort, une sécurité de l'emploi. J'aimerais travailler à temps partiel pour faire de ma passion - la couture - un deuxième emploi (Sylvie est fonctionnaire auto-entrepreneur NDLR). Ce ne sera sans doute pas possible...
Avant de devenir fonctionnaire, j'avais créé à 20 ans avec trois autres personnes une petite société de paysagiste (ma formation d'origine) dans une ville du sud. Elle a tenu un an. A l'époque, avec mon gabarit - je mesure 1m60 - aucune entreprise dans ce milieu plutôt macho ne voulait me recruter. J'ai fini par entrer par relation dans une mairie comme agent d'entretien. Je faisais le ménage, des remplacements... J'ai été titularisée au bout de trois ans, après mon retour de maternité.
Dix ans plus tard, je suis devenue agent administratif. J'avais suivi une formation en informatique pendant mon congé parental. J'ai ainsi pu évoluer vers la filière administrative. J'ai d'abord travaillé au service de l'état civil où je remplaçais quelqu'un en congé de maternité. Comme j'aime le contact avec les gens, le poste me convenait bien. Il était très formateur. Après, je suis partie dans un service technique comme secrétaire.
Suite à un détachement, j'ai intégré la fonction publique d'Etat, un petit tribunal administratif dans l'est de la France. Je ne connaissais pas les juridictions administratives, je ne savais même pas que ça existait. Je me suis occupée de l'accueil, du courrier, puis j'ai travaillé avec des commissaires-enquêteurs, avec le président. J'apprenais au fur et à mesure, sur le tas. J'y suis restée trois ans.
Après une mutation, je suis repartie dans le sud dans un autre tribunal administratif, plus grand que le précédent. J'ai dû former la greffière qui était débutante, puis je me suis retrouvée responsable du greffe. Je me suis ensuite occupée des contentieux de reconduites à la frontière.
En cherchant un travail plus proche de mon lieu d'habitation, j'ai appris qu'un tribunal allait s'ouvrir dans ma ville. J'ai postulé et j'ai été retenue pour faire partie de l'équipe de création. C'était passionnant. J'ai pu participer aux réunions de chantier, au choix du matériel... J'ai intégré le service des référés d'urgence, puis un greffe qui s'occupait d'urbanisme. La fonction d'agent de greffe est très intéressante : on est autonome, proche des magistrats. Par contre, on n'a pas le temps de lire les requêtes, ni de rédiger, on ne fait pas de notes, on s'appuie sur des courriers types. C'est un peu frustrant.
Depuis septembre dernier, je suis gestionnaire du budget et assistante de prévention. Je suis les contrats, les commandes, traite les factures, participe à l'élaboration du budget avec la greffière en chef. Je suis plongée dans les chiffres et je m'aperçois que... c'est loin d'être ennuyeux ! De plus, c'est un travail de contact, avec les entreprises, les collègues. Je suis ravie car je n'en pouvais plus du travail en greffe. J'avais l'impression de stagner, de ne plus rien apprendre.
Je suis agent de catégorie C depuis 22 ans, adjoint administratif principal 2ème classe depuis peu. J'avance péniblement. Cela fait plusieurs années que j'essaie de passer des concours de catégorie B, mais lorsqu'on est 1200 candidats pour trois postes situés dans un secteur géographique différent, c'est un peu compliqué. Sauf si un poste se libère dans la même juridiction ou que le président appuie un lauréat, ce qui est rare. Et puis comment lutter face à des candidats qui sortent d'école ? Je vais avoir 50 ans en 2014, se remettre dans les études, c'est dur...
En 2015, je vais remonter en région parisienne dont je suis originaire. Ma fille veut y faire ses études et mes parents y habitent. Je chercherai un poste à Paris où il y a plus d'administrations, plus de choix. J'aimerais bien intégrer la Cour nationale du droit d'asile, ou alors le Conseil d'Etat, pourquoi pas le Tribunal administratif de Paris. Je suis un pigeon voyageur, je migre facilement, j'aime bouger, apprendre des choses nouvelles. Ce que permet d'ailleurs bien la fonction publique ».
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