Près de 123 000 agents travaillent dans les CCAS, ces établissements publics sociaux et médico-sociaux rattachés aux collectivités territoriales. D'ici 2019, près de 50% d'entre eux prendront leur retraite. Un bouleversement auquel se préparent les CCAS en cherchant déjà à attirer de nouveaux profils.

C'est l'un des constats abordés par le rapport Le personnel au sein des CCAS/CIAS * réalisé par l'Institut national des études territoriales (INET) en partenariat avec L'Union nationale des centres communaux d'action sociale (UNCCAS).

Des besoins en travailleurs sociaux diplômés

Si certains métiers d'exécution sont accessibles sans diplôme, les CCAS recherchent avant tout des personnes qualifiées. Par exemple, dans le secteur de la petite enfance ou du maintien à domicile, les candidats titulaires du CAP Métiers de la petite enfance, du CAP Services à la personne ou du BEP carrières sanitaires et sociales, sont très prisés, tout comme ceux possédant le DEAVS, le diplôme d'Etat d'auxiliaire de vie. Un niveau bac ou BTS pour occuper un poste d'agent d'accueil est aujourd'hui un minimum. A noter que dans les CCAS, 46% des agents ont un bac+3...

Cette recherche de qualification s'explique par une évolution et une professionnalisation des métiers exercés par les agents des CCAS. "Le travailleur social ne se limite plus à construire un dossier de demande d'aides financières" précise les auteurs de l'étude. Il accompagne aussi l'individu dans la constitution de son budget en cas de surendettement, de problèmes de logement s'il est menacé d'expulsion, d'accès aux soins... Le rôle de l'auxiliaire de vie sociale (AVS) ne se réduit plus à celui d'aide-ménagère. Ses tâches se sont diversifiées. Certaines AVS vont jusqu'à "proposer aux personnes âgées d'autres types d'interventions comme les massages de la tête ou des mains".

Les besoins traités par les CCAS ont aussi changé : l'exclusion sociale fait aujourd'hui place aux "accidents de la vie" (chômage, divorce, maladie...) et à une dépendance plus forte des personnes âgées. Enfin, le public s'est également diversifié : les marginaux sont remplacés par les travailleurs pauvres, les familles monoparentales, les demandeurs d'asile ou encore les malades psychiatriques que l'hôpital ne peut plus garder. Sans oublier l'exigence des parents et des familles qui est devenue plus forte que ce soit dans l'aide à domicile, le travail social ou la petite enfance. Autant d'impacts sur la manière d'exercer les métiers de l'action sociale.

Les freins au recrutement

Les missions des agents sociaux s'avèrent peu et mal (re)connues. Ils pâtissent d'ailleurs d'une "image erronée ou tronquée" voire stéréotypée. Difficile dans ces conditions d'attirer des candidats. Le salaire est aussi un frein à l'embauche. L'agent d'une CCAS gagne en moyenne 1 622 euros net, soit moins que le salaire net moyen de la fonction publique territoriale (1 850 euros en 2012). "Plus précisément, il est de 2 729 euros pour la catégorie A, 2 125 pour la catégorie B et 1 563 pour la catégorie C" indique les auteurs de l'étude (chiffres 2013, DGCL) . Pire encore : des agents de catégorie C non-titulaires ou travaillant à temps partiel sont en situation de précarité et se retrouvent à accompagner des personnes dont le niveau de ressources est proche de leurs propres situations... Les CCAS subissent aussi la concurrence avec les secteurs privés, associatifs et hospitaliers, plus rémunérateurs. Une aide à domicile préférera par exemple travailler dans une structure d'hébergement médico-sociale privée.

Pour compenser ces faiblesses, les CCAS mettent en avant un certain nombre d'avantages : "la mise à disposition de véhicule, les horaires pour certains métiers, les congés, un nombre moindre d'agents à encadrer, la titularisation au sein de la fonction publique ou encore le levier du régime indemnitaire".

8 agents sur 10 des Centres communaux d'action sociale (CCAS) relèvent de la catégorie C dont les assistants maternels et les emplois aidés. La filière sociale (35% des effectifs) est la plus représentée : conseillers et assistants socio-éducatifs, éducateurs de jeunes enfants, moniteurs éducateurs, ASTEM, agents sociaux... Vient ensuite la filière médico-sociale et médico-technique (20%) : médecins, psychologues, infirmières, puéricultrices, auxiliaires de puériculture, auxiliaires de soins... Puis les filières technique (17%) et administrative (15%), et l'animation (3%) avec une majorité d'adjoints territoriaux d'animation.

* 54 entretiens menés auprès de personnels de 14 Centres communaux d'action sociale (CCAS) et 1 Centre intercommunal d'action sociale (CIAS) en France métropolitaine et en Outre Mer, réalisés entre août 2013 et avril 2014 par des élèves administrateurs territoriaux de l'Institut national des études territoriales (INET) sur demande de L'Union nationale des centres communaux d'action sociale (UNCCAS).