15 jours à trois semaines pour trier les CV

Les recruteurs publics croulent sous les candidatures. C'est un fait. « Nous avons eu 400 CV pour huit offres d'emploi publiées » tient à préciser Emmanuel Rouault, DRH du Conseil général du Loir-et-Cher. Ce flot de CV freine déjà bien le processus de sélection des candidats dont se charge la direction des ressources humaines. « Tous les CV arrivent à la DRH qui les étudie et les trie. Puis elle envoie un panel au chef du service de la ville qui recrute, explique Isabelle Fayan, adjointe au DRH de Caluire et Cuire, près de Lyon. Ce responsable doit prendre le temps d'examiner les candidatures. Parfois, il faut le relancer car il a mille autres choses à faire... » Le tri des CV dure en moyenne deux à trois semaines. Généralement, les candidats non-retenus reçoivent un courrier postal, les autres sont joints par téléphone ou par mail. A la Région Haute-Normandie, si la réponse semble trop longue à parvenir au candidat, il est plutôt bien vu de prendre les devants. « Un candidat peut tout à fait nous appeler pour nous demander des nouvelles ».

Témoignage d'un candidat

« J'ai envoyé ma candidature un 6 décembre pour un poste d'attaché territorial que j'avais repéré sur le site Internet d'une communauté d'agglomération dans l'est de la France. Un responsable RH m'a appelé début janvier pour me fixer la date de l'entretien qui a eu lieu quinze jours plus tard. Suite à l'entretien, on m'a dit que je recevrai la réponse d'ici trois semaines. Un mois après, toujours pas de nouvelles. J'ai envoyé un mail. La réponse m'est parvenue une semaine plus tard, par mail aussi, pour me signaler que je n'avais pas été retenu. Heureusement que je les ai contactés, sinon je continuerais à attendre... ». Alex T.

15 jours à trois semaines pour les entretiens

Pour l'organisation des entretiens (souvent au nombre de deux), les pratiques des recruteurs publics varient. Dans la fonction publique territoriale, le candidat affronte un jury composé de deux à cinq personnes. « Il faut jongler entre les agendas de chacun pour trouver une date commune entre le RH, le responsable ou l'adjoint du service, voire le directeur général des services ou le maire, en particulier si c'est un poste de policier municipal » signale Isabelle Fayan de la Ville de Caluire et Cuire. Du côté de la communauté d'agglomération du Pays Voironnais, près de Grenoble, on préfère anticiper. « Nous calons la date du premier entretien dès le lancement de l'offre » indique un responsable RH . Même précaution au Conseil général du Loir-et-Cher : « C'est un gain de temps pour tout le monde ! ». Les entretiens durent en moyenne une demi-heure chacun et s'étalent sur une journée ou une semaine. Le jury débriefe généralement dans la foulée. En cas de désaccord sur le choix d'un candidat, ce sont le directeur général des services et le DRH qui tranchent et communiquent leur préférence au Maire ou au président du conseil général, régional ou de la communauté. Ce dernier participe alors au deuxième entretien environ dix à quinze jours après le premier, selon son agenda... La réponse au candidat retenu peut ensuite aller très vite. Il est par exemple d'une semaine, à Caluire et Cuire. « Mais quand le candidat est excellent, il est averti tout de suite par téléphone ». Quant aux autres, ils reçoivent un courrier postal ou un mail.

Deux à trois mois pour la catégorie A

Au final, le délai de réponse aux candidats qui traversent tout le processus de recrutement - du CV aux entretiens - dépend des collectivités. Au Conseil général du Nord, il faut compter deux à trois mois. « Les entretiens comprennent toujours des tests, même pour les cadres. On ne veut pas se tromper ! » argumente une responsable RH. A la Région Haute-Normandie, « c'est deux mois, surtout si le recrutement porte sur un emploi fonctionnel ». Un mois et demi à deux mois au Conseil général du Loir-et-Cher « pour un poste de permanent ». Car l'attente pour le candidat dépend surtout du type d'emploi sur lequel il postule. « Il nous suffit de 15 jours pour embaucher quelqu'un pour un remplacement. Inutile de faire valider le profil par un élu ». Ce qui n'est pas le cas pour un poste de catégorie A. « Plus le profil recherché est rare ou hiérarchiquement élevé, plus la réflexion sur son recrutement est importante et plus le processus est long, indique Caroline Godinot, sous-directrice chargée de la gestion RH des lycées à la Région Ile-de-France. Avec un risque : c'est que le candidat nous échappe ».

Témoignage d'une candidate

« Je m'étais positionnée sur un poste dans un ministère d'Etat. J'ai passé l'étape de l'entretien. J'étais même dans la short list mais après, plus de nouvelles. L'attente était tellement longue que j'avais perdu tout espoir et j'ai commencé à chercher un travail ailleurs. Mais finalement c'est bien moi qui ai été retenue et je l'ai su... quatre mois plus tard ! Sauf qu'entre-temps, je suis tombée enceinte. J'en ai parlé au DRH qui a tout de même accepté de m'embaucher ». Annie H.