Les métiers publics en tension

La Petite Enfance cherche candidats désespérément

Auxiliaires de puériculture, puéricultrices, directrices de crèche, éducateurs de jeunes enfants (EJE), aide-soignants, infirmiers, médecins... les CV sont rares face aux besoins des collectivités. La ville de Rueil-Malmaison (92), avec ses 23 crèches et ses 400 agents dédiés, recherche entre 30 et 40 postes d'auxiliaires de puériculture vacants... tous les jours ! « Non seulement l'offre des écoles n'arrive pas à couvrir notre demande, mais en plus la profession souffre d'un turn over important, d'un taux d'absentéisme élevé, d'arrêts maladie dus à la pénibilité du métier, de congés maternité et parentaux à répétition » précise Isabelle Ronan, la directrice des RH et de la Formation de la ville. « Nos critères de sélection sont aussi élevés car nous devons maintenir la qualité de service » rajoute Sandrine Fusin, chef du service emploi-compétences. En fait, nous sommes davantage face à un problème de qualité que de quantité ». Faute de trouver des professionnels, la ville se tourne vers l'interne. Elle soutient la VAE et les congés de formation individuel des agents techniques désireux de se former au métier.

Même stratégie du côté de la DRH mutualisée de la ville de Versailles (78), de la Communauté d'agglomération Versailles Grand Parc et du Centre communal d'action sociale. « 300 agents travaillent dans cette filière, signale Sylvie Samuel, directrice des ressources humaines adjointe. Nous disposons de 18 crèches et multi-accueils, nous gérons un EHPAD de 140 personnes et un service de soins infirmiers à domicile. Nos recrutements d'infirmières et d'aide-soignantes sont permanents. Mais nous nous heurtons à la concurrence de la fonction publique hospitalière alors que nous proposons des horaires moins contraignants et même des temps partiels. Nous allons jusqu'à mettre en place des VAE pour que nos agents deviennent des Atsem, des auxiliaires de puériculture ou des EJE. »

Autre collectivité, autre méthode. N'arrivant pas à recruter de médecins territoriaux, le Conseil général du Val d'Oise (95) a envoyé un courrier à 500 docteurs libéraux du département. « Nous pensions qu'il pouvait être intéressant pour eux de compléter leur activité en travaillant chez nous » espérait Corinne Polat, Responsable emploi à la DRH du CG95. Peine perdue : un seul médecin a accepté leur proposition... Quant au Conseil général du Val-de-Marne (94), il a pris les devants depuis plusieurs années en s'engageant dans l'éducation de futurs professionnels qualifiés. Il gère deux écoles de formation aux métiers de la petite enfance ainsi qu'un centre de formation continue professionnelle et co-organise deux diplômes universitaires dans le domaine de la protection de l'enfance. « Nous lançons régulièrement des campagnes de recrutement par voie d'affichage dans ces écoles, indique Nadia Carty, responsable d'équipe Stages/Emploi au CG 94. Et nous comblons les manques par des apprentis - 75% sont dédiés à la Petite Enfance - et par des stagiaires ». De quoi alimenter le flux de demandes des 76 crèches et 57 centres de protection maternelle et infantile (PMI) du département.

Des postes à pourvoir dans la filière technique

Bâtiment, génie civil, architecture, urbanisme, espaces verts, eaux et assainissement, mécanique, informatique..., ces secteurs sont friands d'ouvriers, de techniciens et d'ingénieurs pour maintenir des locaux et des équipements, entretenir le réseau routier, les jardins et les parcs communaux, surveiller les travaux d'infrastructure, s'occuper de la voirie, de l'éclairage public, des systèmes d'information.

Dans la Communauté d'agglomération de Cergy Pontoise (95), la filière technique concentre près de la moitié de l'effectif avec une proportion importante d'agents de catégorie C (40%) et d'ingénieurs (34%). Et elle continue de recruter. « Nous subissons la concurrence des grands groupes du BTP, avoue Mikaël Jungers, responsable du développement RH à la DRH de cette collectivité territoriale. Pour y remédier, nous encourageons beaucoup la mobilité interne. Plus de 60% des agents de catégorie C en ont profité ». De son côté, le Conseil général du Val-de-Marne (94) recrute pour la prochaine saison estivale 50 agents pour accueillir le public dans ses parcs, veiller au respect de leur règlement intérieur et maintenir leur propreté.

A Palaiseau (91), le recrutement porte davantage sur les agents d'entretien ménager et de restauration pour les établissements scolaires. « Nous cherchons avant tout des personnes qui servent les repas et nettoient les salles, pas des cuisiniers » précise Caroline Gibert, responsable formation et recrutement de la ville. Les cuisiniers manquent plutôt à l'appel dans les écoles et les crèches des départements du Val-de-Marne et du Val d'Oise (95). « Ils font le choix du privé car la restauration collective est moins valorisante. Alors nous parions sur l'apprentissage en accueillant 15 jeunes par an » indique Diane Breton, chef du service emploi à la DRH du CG 95.

Les ingénieurs de la filière technique sont aussi très recherchés pour occuper des postes d'urbaniste, de gestionnaire bâtiment ou maintenance énergie, de responsable du patrimoine bâti, de chef de service programmation signalisation des routes, de chef de projet informatique ou paysage. La ville de Rueil-Malmaison (92) a ainsi mis deux ans avant de trouver un adjoint au chef de son service espaces verts et peine toujours à recruter de « vrais » informaticiens.