Les collectivités territoriales et les administrations n'auront plus d'excuses. Grâce au guide du Haut Conseil à l'Égalité, elles sauront comment lutter contre les stéréotypes de sexe encore trop présents sur les affiches et dans les campagnes publiques.
Parce que la communication publique reproduit et entretient encore trop souvent - et parfois inconsciemment -, les stéréotypes et les inégalités entre les femmes et les hommes, le Haut Conseil à l'Égalité (HCE) vient de publier un guide pédagogique à destination des collectivités locales, des services de l'Etat et des établissements publics.
Le HCE y détaille 10 recommandations (voir la liste ci-dessous) qui permettent d'éviter le sexisme sur les supports et dans les discours publiques : affiches, vidéos, sites web, textes officiels, colloques... "L'Etat et les collectivités territoriales se doivent d'être exemplaires, notamment via l'utilisation de l'argent public destiné à la communication" argumentent la Présidente du HCE Danielle Bousquet et la rapporteure Gaëlle Abily. Le guide ne se contente pas de donner des conseils, il explique pourquoi il est nécessaire de changer de paradigme.
Par exemple : éliminer les expressions "Chef de famille", Mademoiselle" ou encore "Nom de jeune fille" de l'ensemble des documents administratifs, parce que ces expressions ont déjà été bannies du droit français depuis 2012 ; féminiser les noms de métiers, titres, grades et fonctions (la cheffe de bureau, la préfète, Madame la sénatrice, Madame la Maire...) pour ne pas nier la place des femmes dans la société ; parler "des femmes" et non "de la femme" (la journée internationale des droits des femmes) pour ne pas réduire les femmes à un fantasme ou un mythe.
En dehors de ces précautions de langage, le Haut Conseil à l'Egalité appelle à être vigilant sur la manière dont sont représentés les femmes et les hommes : le rose et les couleurs douces pour les femmes, le bleu et les couleurs sombres pour les hommes ; les hommes au premier plan et les femmes en arrière ou dans les marges ; les hommes en extérieur et en milieu professionnel, et les femmes à l'intérieur et dans la sphère domestique ; les hommes confiants et ambitieux, les femmes passives et rêveuses. Des rôles stéréotypés reproduits dans cette campagne de l'Education nationale datée de 2011.
Le HCE conseille aussi de veiller à diversifier les représentations en montrant des femmes et des hommes exerçant des métiers traditionnellement réservés à l'autre sexe. "Il existe des femmes cheffes d'entreprise, ingénieures, astronautes, et des hommes infirmiers ou qui s'occupent de leurs enfants" tout comme des femmes qui pratiquent le karaté ou la boxe, et des hommes la danse. Equilibrer le nombre de femmes et d'hommes dans une image ou un texte, ou lors de l'organisation d'un colloque est une autre recommandation. Le Haut Conseil à l'Egalité rappelle à ce titre l'existence du site des expertes qui recense 1500 chercheuses, cheffes d'entreprises, présidentes d'associations ou responsables d'institutions prêtes à enrichir les débats publics. Enfin, en sachant que 6% des rues seulement arborent des noms de personnalités portant le nom d'une femme, le HCE estime qu'attribuer des noms aux lieux (rues, bâtiments, équipements ou salles) est une manière de leur rendre hommage et de les valoriser. Et de citer l'exemple de Ramonville-Saint-Agne, près de Toulouse, qui a baptisé l'ensemble des rues d'un nouveau quartier de noms de femmes.
Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe (Haut Conseil de l'Egalité entre les femmes et les hommes, novembre 2015)
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