"Le fonctionnaire bashing est une réalité. Cette situation n'est pas tenable !" Pour Bernardette Groison, enseignante et secrétaire générale depuis 2010 de la Fédération syndicale unitaire (FSU), trop, c'est trop ! Le déficit public ? La croissance en panne ? C'est la faute des fonctionnaires ! Pointés du doigt, les agents de l'Etat, des collectivités territoriales et de l'hospitalière seraient "trop nombreux", "pas assez efficaces", "mieux payés que les salariés du privé", "préservés de la précarité" et "privilégiés grâce à la garantie de l'emploi". Qu'en est-il vraiment ?

Le livre "En finir avec les idées fausses sur les fonctionnaires et la fonction publique" (Editions de l'Atelier) remet les pendules à l'heure. Ecrit par Bernadette Groison, il démonte 83 poncifs à coups d'arguments chiffrés et de comparaisons internationales émanant de rapports étatiques et d'organismes indépendants.

"Nous n'avons pas cherché à esquiver les reproches courants sur les fonctionnaires, ni à dire que tout est merveilleux, ni à opposer le secteur public aux entreprises privées, précise la secrétaire générale de la FSU lors de la présentation de son livre à la presse mercredi 10 septembre 2014. Notre objectif est de rétablir des vérités, d'aider les fonctionnaires malheureux d'être ainsi stigmatisés à relever la tête, de prouver aux Français qu'ils peuvent être fiers de leurs services publics, d'interpeller les pouvoirs politiques pour construire un débat serein et argumenté sur la fonction publique."

Ce petit recueil de 176 pages parle donc des fonctionnaires et de la fonction publique tels qu'ils sont : leur nombre, leur statut, leur salaire, leur absentéisme, leur retraite, leurs syndicats, mais aussi leur précarité. Un fonctionnaire sur cinq n'a pas la sécurité de l'emploi. Certains vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Sait-on vraiment qu'un fonctionnaire peut être licencié, qu'il n'est pas payé s'il se met en grève ?

Le livre démonte aussi les idées reçues sur les enseignants et leur métier (la FSU est la première fédération de l'éducation nationale), sur le soi-disant manque d'innovation du secteur public (alors que la dématérialisation se développe de plus en plus), sur le "mille-feuille territorial" limité en fait à... "six feuilles", sur l'accès aux urgences dans les hôpitaux qu'il faudrait limiter alors qu'elles compensent d'autres services de santé déficients.

"Non, la fonction publique n'est pas poussiéreuse. Non, elle n'est pas une charge pour la société, martèle l'auteure Bernadette Groison. Elle sait s'adapter, être un levier pour l'innovation, c'est un investissement, une chance pour l'avenir, un choix de société dont il faut débattre. Dans la perspective qu'un jour le gouvernement dise : "j'aime les entreprises, le service public et ses salariés !"