Le secteur de l'informatique et du traitement de l'information des collectivités territoriales comptait 16560 agents début janvier 2010 (Tendances de l'emploi territorial, mars 2011, CNFPT). Il devait en recruter 340 en 2011 dont 54% en création de postes et 46% en remplacements suite à des départs définitifs. Cette évaluation, la dernière connue à ce jour, ne tient pas compte des emplois du web, plutôt rattachés aux directions de la communication (14 590 agents). Aucun état des lieux précis et global ne peut donc déterminer le nombre d'emplois total. Par contre, ce qui semble se confirmer c'est que les professionnels de l'informatique sont appelés à évoluer, et que ceux du 2.0 insufflent un vent nouveau dans la culture du service public.

Directeur des systèmes d'information : un métier en pleine mutation

« Le périmètre d'action du DSI est en train de passer d'un système informatique vers un système de diffusion de l'information, estime Yvonne Gellon, directrice opérationnelle des systèmes d'information à Grenoble-Alpes Métropole depuis dix ans (lire son témoignage). Hier, le DSI se consacrait aux besoins techniques des métiers de la collectivité, demain il s'occupera de mutualisation des moyens, d'ouverture du système d'information, d'open-data, de gestion de la relation citoyen, de services à distance, de mobilité des citoyens, des nouvelles technologies sans contact (RFID, NFC...) ». En interne, le DSI devra revoir l'organisation de sa direction « vouée à devenir un centre de services ». Il s'agira aussi pour lui « d'intégrer des notions de gestion et d'aspects juridiques pour travailler par exemple sur des groupements de commandes, des conventions de mutualisation ».

Des recrutements d'ingénieurs territoriaux

Ces changements devraient avoir un impact sur les recrutements avec l'appel à des professionnels de l'informatique « plutôt des fonctionnaires titulaires tels que des ingénieurs territoriaux ou des directeurs territoriaux » précise Yvonne Gellon, également présidente du Coterclub, une association regroupant des DSI de 90 collectivités territoriales. Le Conseil général du Val-de-Marne a ainsi recruté en 2012 un fonctionnaire de catégorie A comme administrateur système et bases de données. Début 2013, l'agglo du grand Besançon a embauché un ingénieur système-réseaux titularisé. Des profils aux nouvelles compétences axées « sur la prospective, l'accompagnement à la maitrise d'ouvrage, le management digital d'information » cite Claudine Chassagne, ancienne DSI à l'université de Grenoble, puis au conseil général de l'Isère, aujourd'hui consultante. Conséquence de cette évolution, le CNFPT est en train d'adapter ses fiches métiers Systèmes d'information et TIC. Leur actualisation sera visible sur le site fin 2013.

Des profils attendus dans la communication digitale

A côté des métiers liés à l'informatique "pure" émergent des profils attachés au numérique (Internet et web) : community manager, webmaster technique ou éditorial, webgraphiste, animateur de communautés virtuelles... Experts en outils graphiques, en animation de réseaux sociaux, en son et en images (podcasts, webTV), ces petites mains du web 2.0 sont souvent confiées soit à des free-lance, soit à des agences, soit à des contractuels issus d'une formation supérieure en communication et/ou multimédia. Vannes Agglomération a ainsi recruté en mai dernier un webmaster infographiste à mi-temps en contrat à durée déterminée de six mois. La ville d'Orléans vient d'embaucher un référent web/numérique pour un CDD de deux ans. Amiens Métropole a trouvé son assistante de communication chargée notamment d'animer le site de l'Office du tourisme pendant quatre mois.

Les villes de plus de 100 000 habitants sont 61% à posséder un compte Twitter. 24,5% ont un community manager. Pour Franck Cofino, directeur de l'agence Adverbia à l'initiative d'une étude sur le sujet, « les villes possédant un community manager ou ayant confié l'animation de leur page à une agence ont un contenu de bien meilleure qualité. Une preuve de plus que la communication des villes sur les réseaux sociaux mérite une personne dédiée. »

Des besoins en chef de projet web et multimédia

« Les profils capables de travailler sur des projets pluridisciplinaires de façon très transversale manquent dans les collectivités » estime Rosemonde Savi, en charge du Service communication numérique à la Ville de Toulon. Et pour cause... Le chef de projet multimédia, être hybride entre le conseil, la technique et la com publique, interface des services internes et des prestataires privés, est une denrée rare sur le marché. Ceux qui sont déjà en place ont souvent créé leur poste au fil des ans. C'est le cas de Flora Queiroz, chargée de la communication numérique à la Ville de Saint-Germain-en-Laye et de Erwan Le Luron, responsable du service multimédia au Département du Rhône. Le CNFPT ne s'y trompe pas. Il vient de mettre en place des stages pour acquérir toutes les compétences spécifiques liées à ce métier. « Destinées aux nouveaux arrivants pour qu'ils puissent tenir leur poste, ces formations sont aussi utiles pour les DRH qui ne connaissent pas toujours ce métier » confie-t-on à la Délégation Grande Couronne du CNFPT.

Quels concours pour accéder aux métiers de l'informatique et des réseaux sociaux dans la fonction publique territoriale ?

- le concours Technicien territorial (catégorie B) pour devenir chargé des réseaux et télécommunications, administrateur réseaux et télécommunications, administrateur réseau, technicien support et services, technicien SIG ou webmaster.
- le concours Ingénieur territorial (catégorie A) pour un poste de directeur des systèmes d'information, chargé des réseaux et télécommunications, ingénieur réseau, administrateur réseau, responsable production et support ou chef de projet multimédia.
- le concours Attaché territorial - spécialité analyste des systèmes d'information (catégorie A) pour une responsabilité d'architecte fonctionnel des systèmes d'information, d'administrateur SIG ou de directeur des systèmes d'information.