Alors que s'ouvre une nouvelle campagne de recrutement de policiers municipaux, ces fonctionnaires territoriaux manifestent leur ras-le-bol en solidarité avec leurs collègues de la police nationale.
Des policiers qui manifestent dans la rue, cela n'est pas très courant. Et pourtant, l'appel a bien été lancé pour le 14 octobre par les syndicats des policiers nationaux et municipaux. Le rassemblement fait suite à la fusillade lundi en région parisienne, entre deux braqueurs et des policiers de la Brigade anticriminalité (BAC) de Saint-Denis. L'un des malfaiteurs, décédé dans la fusillade, a grièvement blessé un policier. Il n'avait pas regagné sa prison après une permission de sortie et était fiché pour radicalisation. En soutien à leur collègue de la police nationale, le syndicat national des policiers municipaux CFE-CGC (SNPM) a appelé à manifester pour faire « suite aux attaques d'une extrême violence dirigées contre tous les policiers, aux décisions de cette justice incohérentes et inacceptables, aux conditions de travail insupportables, à une légitime défense inadaptée, mettant gravement en danger la vie et la sécurité des citoyens et des policiers »
Cet appel intervient alors même que s'ouvrent les inscriptions au concours de gardien de police municipale et que les attentes de ces fonctionnaires territoriaux se font plus pressantes, en termes de protection et de conditions de travail. Pourtant, depuis les mesures annoncées par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve en janvier dernier suite aux attentats de Paris et de Montrouge, un premier bilan chiffré permet de mesurer le chemin parcouru. En neuf mois, plus de 8 400 gilets pare-balles ont été acquis par 790 communes pour équiper leur police, 275 communes ont demandé la mise à disposition de 2 460 revolvers appartenant à l'Etat, et 128 communes ont fait savoir qu'elles étaient intéressées par le partage des fréquences radios avec la police nationale et la gendarmerie. L'accès à certains fichiers de police est également possible. Des résultats peu suffisants pour rassurer les policiers municipaux. Pour le SNPM, « le port d'arme doit devenir la règle et non l'exception ». Selon une enquête statistique du ministère de l'Intérieur datée de 2013, près de 16 400 agents sur 19 925 sont armés d'une ou plusieurs armes, en particulier dans les départements urbains du sud-est de la France, de la région lyonnaise, de la région Ile-de-France et du Nord. Si c'est le maire qui décide ou non d'équiper les policiers municipaux, il peut aussi soumettre l'éventualité par référendum. Une initiative rarissime. Dernièrement, l'équipe municipale de Beauvais dans l'Oise a consulté les habitants sur l'armement de sa police qui compte une centaine d'agents. Près de 70% d'entre eux s'y sont opposés.
Le gouvernement de son côté estime que "le statut des policiers municipaux et leurs revendications font l'objet d'un examen très attentif" (question à l'Assemblée nationale). Il rappelle que 15 000 policiers municipaux de catégorie C (agents, brigadiers, brigadiers-chefs et chefs de police) ont vu leur salaire varier de 434 euros à 715 euros en 2014 et 2015, grâce à la revalorisation générale accordée à l'ensemble des agents de catégorie C de la fonction publique. « Cette amélioration bénéficie particulièrement aux agents de police municipale, en raison de l'indexation de l'indemnité spécifique de fonction (ISF) sur le traitement brut ». Cette prime est accordée par la quasi-totalité des maires qui en détermine le niveau, alors que les syndicats réclament sa généralisation à hauteur de... 20% !
Il faut au préalable réussir le concours de gardien de la police municipale accessible aux titulaires d'un brevet, d'un CAP et d'un BEP. Les inscriptions sont possibles du 13 octobre au 12 novembre 2015. Les épreuves écrites, orales et physiques se déroulent en mai 2016. Elles peuvent se préparer par correspondance. La réussite au concours ne garantit pas nécessairement un poste de policier municipal. Les lauréats sont invités à postuler directement auprès des maires ou à répondre aux offres d'emploi de policiers municipaux.
Policier municipal : le profil préféré des collectivités
Pénurie de fonctionnaires dans la police, l'armée et l'enseignement
Policiers municipaux : toujours plus de recrutements
Police municipale : des effectifs en hausse
Etre gendarme ou policier dans la fonction publique d'Etat ou territoriale
Témoignages de 4 policiers municipaux en postes dans des communes
Soyez informé par e-mail de l'actualité de l'emploi dans la Fonction publique.