Quelles sont les maladresses à éviter lorsqu'on se présente à un entretien de recrutement ? Nous avons interrogé des recruteurs de différentes collectivités territoriales qui nous ont fait part de leur agacement face aux comportements de certains candidats.

Arriver en retard au rendez-vous

La voiture qui refuse de démarrer, un bouchon sur la route, le trafic du métro qui s'interrompt "après un incident grave de voyageur", autant de raisons qui peuvent empêcher un candidat d'être ponctuel. « Nous pouvons tout à fait comprendre que cela peut arriver mais la moindre des choses est de nous prévenir, estime Jean-Pierre Suhas, DRH de la Ville de Libourne, en Gironde. Personnellement, je donne toujours mon numéro de portable pour être joignable facilement en cas d'empêchement. Si le candidat ne m'appelle pas, il marque un mauvais point ». Cette responsable RH d'une collectivité en Ile-de-France se montre plus catégorique. « Il m'est arrivé de refuser de recevoir des candidats ayant trois quart d'heure de retard. Il faut respecter l'accord du rendez-vous. Dans le cas contraire, cela dénote un manque de professionnalisme ».

Négliger son look

La première impression que se fait un recruteur d'un candidat passe aussi par sa tenue vestimentaire. « Celui qui postule sur un emploi de catégorie A et qui arrive en tenue sportive, cela m'interpelle. Comme d'ailleurs, celui qui arrive les mains dans les poches » décrit une responsable RH dans une communauté d'agglomération de l'est de la France. « J'ai déjà accueilli un candidat habillé en T-shirt pour un poste à responsabilité, c'était assez... surprenant ! » constate Jérôme Chiodo, directeur général adjoint des services de la ville d'Oyonnax, dans l'Ain. « J'ai reçu des candidats avec des tâches sur leur chemise ou qui sentaient mauvais. D'autres, surtout des jeunes en emplois d'avenir par exemple, venaient en mâchant un chewing-gum. Certains refusaient même de le recracher... » se rappelle cette responsable RH d'une métropole en province.

Ignorer ce que représente l'environnement territorial

Le candidat qui ne s'est pas renseigné sur la collectivité, sur ses actions, sur sa stratégie, est certainement celui qui agace le plus les recruteurs publics. « Il m'arrive de demander à des candidats s'ils connaissent le nombre d'agents dans notre agglo. Les réponses vont de 30 à 1200 agents, alors que nous sommes plus de 260 » indique cette responsable RH. « Certains ne connaissent ni le statut de fonctionnaire, ni le fonctionnement des concours, ni les compétences de la collectivité. Ils manquent de préparation, de curiosité » se désole le Service recrutement et mobilité du CG de la Creuse. Du côté de la ville d'Oyonnax, c'est sans appel. « Si on pose des questions à un candidat sur son futur environnement professionnel et qu'il ne sait pas y répondre, c'est qu'il ne s'intéresse ni à la ville, ni au poste ! ».

Postuler sans savoir vraiment pourquoi

Autres cas, plutôt étonnants mais néanmoins très fréquents aux dires des recruteurs publics : les candidats qui viennent à l'entretien sans savoir ce que contient la fiche de poste et qui sont incapables de restituer ce qu'ils en ont compris. Certains ont même une excuse toute trouvée, rapporte la responsable RH d'une grande collectivité en province. « Ils me disent : j'ai tellement envoyé de CV, candidaté un peu partout que je ne me souviens plus ». Une "franchise" qui rejoint les dires d'un autre candidat cités par la même responsable RH : « Je ne viens pas pour travailler, mais si je n'apporte pas la preuve de ma recherche, je perds mes allocations chômage ». Presque un remake du film "Intouchables" version fonction publique...

Se montrer plus curieux sur les horaires que sur les missions du poste

Autre maladresse du candidat : vouloir connaître d'emblée les horaires de travail avant même de discuter des missions du poste. Les questions comme "à quelle heure je commence le matin ? A quelle heure je finis ? Combien de temps dure la pause-déjeuner ? Puis-je avoir mon mercredi après-midi ?" sont fréquentes. « Face à ces interrogations, je suis cinglante : vous venez pour faire des heures ou pour travailler ? » riposte la RH d'une grande métropole. « On entre là dans la caricature du fonctionnaire et cela m'irrite énormément » admet le DGA des services de la ville d'Oyonnax. « Vaut mieux réserver ces questions pour le deuxième entretien » conseille Catherine Amorello, chargée des recrutements externes à la Mairie de Saint-Maximin La Sainte Baume , dans le Var.

Ne poser aucune question

"Avez-vous des questions ?" demande généralement le recruteur public en fin d'entretien. « Si le candidat répond non, cela montre son manque de curiosité » estime-t-on au conseil général du Val-de-Marne. Le CG 94 regrette par exemple le silence des postulants dans le cadre des vacations et donne quelques pistes : « Pour quelles raisons le poste est-il vacant ? Est-ce parce que l'agent est parti ? Est-ce dû au développement d'une nouvelle activité ? Quelle est la composition du service dans lequel je vais être affecté ? Combien d'agents y travaillent ?... ». Au conseil général de Charente-Maritime, on se montre plus nuancé : « Oui c'est un peu ennuyeux. Mais cela peut arriver si l'échange a été fourni, les missions bien balayées, l'entretien bien conduit, ou si le candidat s'est suffisamment renseigné avant de postuler ». Parfois le silence d'un candidat cache sa timidité, son malaise et son stress face à l'exercice de l'entretien. « Cela se vérifie en particulier sur certains postes d'exécution, signale le CG d'Indre-et-Loire. Nous faisons alors preuve de patience, de diplomatie. On s'adapte... ».

Parler du salaire, est-ce une erreur ?

Les recruteurs publics sont partagés. Certains estiment que le sujet ne s'aborde pas dès le premier entretien, d'autres sont surpris lorsque le candidat ne formule pas la question « ce qui dénote à quel point le sujet est tabou », d'autres prennent l'initiative de détailler le régime indemnitaire (qui varie selon les collectivités) et les avantages sociaux « pour que le candidat soit fixé dès le départ ». A Nevers, le DRH vient avec une simulation de salaire aux entretiens.
« Il nous est même arrivé de mener une négociation à la hausse avec le candidat et ceci dès le premier entretien ». Mais tous s'accordent à dire qu'il ne vaut mieux pas en parler... d'entrée de jeu !