Les métiers de l'enseignement redeviennent attractifs. C'est ce que l'on peut constater en voyant la participation record et les résultats aux concours publiés par le ministère de l'Education nationale mardi 15 juillet.

Lors de la session 2014, 8 284 postes de professeurs des écoles ont été pourvus sur les 8 342 postes ouverts. Un bon cru comparé à 2013 où 290 postes étaient restés vacants. « Ce très bon résultat est dû à la forte hausse du nombre de candidats (63 878 candidats en 2014, contre 41 327 en 2013) » explique le ministère. Toutes les académies sont concernées « y compris celles qui étaient traditionnellement les moins attractives », comme Créteil qui pour la première fois dépasse le millier de lauréats.

En manque d'enseignants dans le second degré

Dans le second degré aussi, les recrutements sont en hausse grâce à « la nette augmentation du nombre de candidats » : 85 685 inscrits contre 74 180 en 2013. Mais petit bémol : l'Education nationale ne parvient pas à attirer suffisamment de professeurs dans des disciplines comme les mathématiques, les lettres classiques et l'allemand. Principales raisons invoquées, communes à l'ensemble du corps professoral : des salaires considérés trop bas pour des diplômés à Bac+5 et de mauvaises conditions de travail. Pour preuve, la dernière étude de l'Insee qui constate que les enseignants sont deux fois plus touchés par les menaces et insultes que les autres professions.

Mais d'autres pistes de réponse peuvent être avancées.

En maths, plus d'un poste sur deux est resté vacant après les résultats de la session "exceptionnelle" organisée à cheval sur 2013 et 2014 du Capes (Certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré). Une pénurie de candidats qui dure depuis plusieurs années et peut s'expliquer par la concurrence des secteurs d'activité comme la finance, l'informatique ou l'ingénierie, plus rémunérateurs que l'enseignement. Autre argument : le manque d'intérêt des étudiants pour les filières scientifiques. Seulement 11% des bacheliers de la série S s'orientent vers une licence scientifique, les plus nombreux préférant la médecine.

En lettres classiques, une petite moitié des postes offerts a été pourvue : 99 sur 200. La pénurie des candidats dans cette discipline n'est pas nouvelle. Robert Delord, professeur formateur de lettres classiques, dénonce depuis plus d'un an l'urgence de la situation. Selon lui, la cause en revient à la maquette 2013 du Capes de Lettres qui incite les candidats à choisir l'option lettres modernes plutôt que lettres classiques. Il a d'ailleurs lancé une pétition signée à ce jour par plus de 7800 personnes, pour attirer l'attention du ministre de l'Education Nationale sur cette réalité (source : Vousnousils.fr). Autre argument avancé : l'attractivité des candidats pour d'autres métiers de la fonction publique. Les diplômés de lettres classiques auraient plus de faciliter à réussir les concours de conservateur de bibliothèques, de conservateur du patrimoine ou encore de bibliothécaire.

Dernière discipline en perte de vocations, l'allemand. Au Capes 2014, 107 postes sont restés vacants (300 postes offerts pour 193 admis). Là encore, d'autres possibilités d'emploi existent pour les personnes familières de la langue de Goethe. Les entreprises sont friandes de ces profils. Comme le spécifie le maire de Berlin Klaus Wowereit, « chaque année, près de 160 000 postes à pourvoir en France requièrent la maîtrise de l'allemand » (source : Le Figaro). Par ailleurs, l'allemand n'est pas une matière qui attire les élèves. Et qui dit moins de passionnés, dit moins de candidats au Capes...

Pour rappel, le gouvernement s'est engagé à créer 60 000 postes supplémentaires sur le quinquennat dont 54 000 dans l'Education nationale, 5 000 dans l'enseignement supérieur, et 1 000 dans l'enseignement agricole. Une volonté confirmée par la hausse du budget de l'Education nationale annoncée début juillet 2014 (source : MEN, juillet 2014).

Bon à savoir : Les inscriptions aux concours de l'Education nationale seront ouvertes du 11 septembre au 21 octobre 2014 pour devenir professeur des écoles ou enseignant dans le second degré comme professeur en lettres modernes (CAPES).