La fonction publique territoriale est, avec les associations, le plus important recruteur d'emplois d'avenir. Ces jeunes, peu ou pas diplômés et sans expérience, rebondissent sur ce dispositif pour apprendre pendant trois ans un métier et s'y former. Une aubaine dont profitent aussi les collectivités.
Fin août 2014, on compte 39 847 jeunes en emploi d'avenir dans les collectivités dont 75% dans les communes et 10% dans les départements. Ce bilan d'étape prouve la mobilisation des recruteurs territoriaux appelés par le gouvernement à faire encore mieux, comme l'ensemble des employeurs du secteur non-marchand (associations, établissements sanitaires publics...). "En 2014, ce sont 95 000 emplois d'avenir qui sont programmés, après les 100 000 de 2013. Et en raison du succès du dispositif auprès des jeunes et des employeurs, le programme se poursuivra en 2015" a précisé le ministre du Travail François Rebsamen, en ouverture mardi 23 septembre du colloque sur les emplois d'avenir dans les collectivités territoriales, co-organisé avec le CNFPT.
Jusqu'ici, près de 30% des collectivités se sont engagées dans la démarche. Certaines ont même dépassé leur objectif. "Il y a un an, alors que le dispositif balbutiait, nous avons décidé de soutenir 200 emplois d'avenir. Aujourd'hui, nous en sommes à 550 ! souligne Yves Rome, président du Conseil général de l'Oise. Nous avons même créé des métiers nouveaux comme le médiateur énergétique et le visiteur de convivialité qui rapproche deux besoins : l'isolement des personnes âgées et les jeunes sans emploi". La montée en puissance s'est aussi faite sentir dans les grandes villes et intercommunalités. Emmanuel Heyraud de l'Association des Maires et Grandes Villes de France fait état d'un bond de 67% des recrutements en quatre mois fin 2013. "40% concerne des jeunes habitant dans des zones sensibles avec des pointes d'embauches à Limoges, Rouen, Roubaix et Dijon". Les principaux emplois proposés se situent dans la maintenance des bâtiments, la conduite de véhicules, la sécurité et la prévention, l'entretien, les déchets, les espaces verts, la restauration et depuis la rentrée, le périscolaire. Des secteurs en tension où il est difficile de trouver des candidats. Les besoins sont quasiment similaires dans les petites communes. "9 maires sur 10 ont eu recours aux emplois d'avenir, indique Antoine Homé de l'Association des Petites Villes de France. "Deux motivations expliquent ce succès. L'une est politique : les élus veulent aider les jeunes les plus en difficulté à s'insérer professionnellement. L'autre est plus pragmatique : grâce à l'aide de l'Etat, les petites villes surtout dans le milieu rural, peuvent maintenir des services publics qui disparaîtraient dans le cas contraire".
"Chaque recrutement est un pari, estime Corinne Harmand, chef du service Développement des ressources humaines de la ville de Metz et de la communauté d'agglomération de Metz Métropole. Nous misons beaucoup sur la motivation. La bonne volonté suffit pour nous convaincre mais nous ne sommes pas à l'abri d'échecs. Certains jeunes idéalisent leur futur métier et peuvent être déçus par les tâches répétitives inhérentes à une activité". Le rôle des tuteurs territoriaux, souvent volontaires et parfois indemnisés, est alors primordial, mais a aussi ses limites. Dans la ville de Montataire (Oise), Jean-Luc Deremy, responsable du Service espaces verts, prend en charge depuis un an, Maxime, 18 ans, "un cabossé de la vie", en rupture scolaire et familiale, qui n'a jamais travaillé. "J'aimerais lui faire découvrir l'étendue du métier, le bûcheronnage, l'horticulture, les étangs, en faire un technicien passionné comme moi et non pas juste un tondeur de pelouse". Pas évident quand le jeune en question a déjà du mal à se lever le matin... Pire que ça : Maxime est en abandon de poste depuis 15 jours. "Mais je ne perds pas espoir de le récupérer" confie son tuteur. Les difficultés peuvent aussi survenir pendant le parcours de formation du jeune. Les "décrocheurs scolaires" (40% des jeunes recrutés sont sans diplôme) n'ont souvent aucune appétence à suivre des heures de cours théoriques. Le CNFPT l'a bien compris. "Pendant les deux jours de leur formation d'adaptation, il y a très peu d'écrits. Sinon, nous risquons de les perdre sur les formations suivantes" indique Jérémy Blazquez, directeur de projet mission "emplois d'avenir" du CNFPT.
Si ces recrutements permettent aux jeunes d'acquérir un métier tout en suivant des formations, que deviendront-ils au bout des trois ans maximum de leur contrat ? Sébastien, Manolo, Léo, Judith et Nicolas, dont les témoignages vidéos ont été présentés au colloque n'ont qu'une envie : rester si possible au sein des collectivités qui les ont accueillis. Antoine Homé, Maire de Wittenheim (68) est prudent : "Ce sont des CDD à qui nous ne pouvons garantir un emploi pérenne tant nous sommes dans un brouillard financier total. Les jeunes et leurs parents nous en veulent d'ailleurs beaucoup..." Du côté de Metz où 46 emplois d'avenir ont été recrutés, la fin des contrats a été anticipé. "Certains départs à la retraite pourront être pourvus ou des postes en interne. Des jeunes auront peut-être envie de préparer un concours de la fonction publique territoriale" avance Corinne Harmand. Pour les autres, "les compétences acquises seront reconnues par une attestation de formation ou d'expérience professionnelle, par une VAE ou une certification inscrite au Répertoire national des certifications professionnelles" précise-t-on à la DGEFP. Une manière de valoriser et de récompenser ces jeunes sans qualification qui ont su saisir cette chance d'insertion.
Lancé en octobre 2012, l'emploi d'avenir concerne les jeunes âgés de 16 à 25 ans (jusqu'à 30 ans pour les travailleurs handicapés), sans emploi, non diplômés ou de niveau CAP-BEP s'ils cherchent un emploi depuis au moins 6 mois dans les 12 derniers mois. Le dispositif est aussi ouvert exceptionnellement aux Bac+3 résidant dans les zones prioritaires (ZUS, SRR, outre-mer) en recherche d'emploi depuis au moins un an. Ils sont recrutés sur un CDD à temps plein, de un à trois ans maximum et payés au SMIC. L'Etat prend en charge 75% du salaire brut mensuel. Les postes sont consultables dans les missions locales, sur les sites des collectivités et sur Publidia.fr en sélectionnant le type de contrat "emploi d'avenir".
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