"Rémunération sur la base du cadre d'emploi + régime indemnitaire". C'est souvent par ce jargon administratif qu'un employeur de la fonction publique territoriale fait mention du salaire dans une annonce. De quoi rendre perplexe tout candidat non fonctionnaire. « J'ai cherché sur Internet à quoi cela correspondait, raconte Paul B., cadre dans une structure aéronautique, sélectionné pour un poste de chargé d'exploitation et de développement dans une communauté d'agglomération de l'Est de la France. J'ai trouvé des sites, avec des grilles, des tableaux, des indices, des coefficients... mais au final je n'étais pas plus avancé sur le montant exact du salaire. J'avais juste un ordre de grandeur. »

Consulter les grilles de rémunération

« Les DRH de la fonction publique se basent sur des grilles de rémunération pour valoriser les salaires de chaque salarié en fonction de leur ancienneté et du grade auquel ils sont rattachés, explique Mathieu Loué, manager de la Division Public Parapublic du cabinet de recrutement Hays. Ces grilles sont disponibles sur différents sites internet et permettent de trouver une fourchette de salaire par rapport à tel ou tel poste. Elles peuvent aussi être transmises par des cabinets de recrutement. Hays en partenariat avec Cadremploi a publié une étude de rémunération dédiée au secteur public/parapublic où l'on peut trouver des informations utiles. Il est essentiel qu'un candidat se présente à un entretien en ayant connaissance de sa future rémunération ». Avoir en tête une fourchette c'est bien, mais tout en sachant que la rémunération varie aussi selon la taille de la collectivité. « Un ingénieur territorial à Paris ne gagne pas la même chose qu'un ingénieur territorial dans une petite ville de province, précise Christelle Carcone, consultante en recrutement. Plus la collectivité est importante, plus elle a de revenus, et plus elle peut rémunérer en conséquence ses cadres. »

Parler en net mensuel

Autre élément à prendre en considération : les collectivités préfèrent évoquer le salaire en euros net mensuel et non en brut annuel comme dans le privé. Il revient au candidat de bien faire la conversion avant l'entretien au cas où le recruteur lui demande son salaire actuel ou ses prétentions « sans oublier d'y englober les éventuelles primes touchées dans l'année » rajoute Mathieu Loué du cabinet Hays. Ces dernières ne se retrouvent pas uniquement dans le privé. Les primes d'objectif ou de fin d'année, et les petits bonus (logement mis à disposition à loyer modéré, tickets restaurant...) peuvent compléter un salaire public *. « A titre d'exemple, une collectivité ne pourra peut-être pas s'aligner sur un salaire brut annuel de 45 KE car son taux de charges sociales est inférieur à celui du privé, mais elle pourra accepter un salaire de 2600/2700 euros net par mois ou compenser par des primes » illustre Christelle Carcone.

Evoquer le sujet à la fin de l'entretien

La particularité d'un entretien dans la fonction publique territoriale réside dans le fait qu'un candidat se retrouve face à plusieurs personnes (élus, DRH, directeur de service adjoint...) et que cette première rencontre peut être suivie d'un deuxième, voire d'un troisième rendez-vous. Faut-il attendre que le jury aborde la question du salaire ou se lancer pour être fixé ? Paul B. se souvient. « Aucun des membres du jury ne m'en a parlé. Mais c'était le cadet de mes soucis. Mon objectif était de passer l'étape du premier entretien, d'être sélectionné. J'estimais être ensuite en position de force pour discuter du sujet » raconte ce cadre qui finalement n'a pas été retenu. « Si la démarche de recrutement est réalisée correctement par la collectivité, le niveau de rémunération est abordé lors du premier entretien. Si cela n'a pas été fait, il faut absolument en parler au deuxième et plutôt à la fin du rendez-vous, car débuter par ce sujet pourrait déstabiliser les membres du jury » prévient Mathieu Loué. Même avis pour Christelle Carcone : « Gardez la question du salaire pour le deuxième entretien et ne l'abordez pas de manière frontale. Cela ne plait pas du tout. Dans la fonction publique on est plutôt sur de la rondeur,  l'argent y est encore un peu tabou. Attendez que le jury vous en parle, et ensuite posez des questions complémentaires ».

Donner une fourchette ou un salaire plancher ?

La fourchette donnée en euros net mensuel est toujours mieux appréciée par les employeurs publics. Si elle est surestimée, le candidat peut se rattraper en demandant quel est le budget prévu pour ce type de poste et réajuster ses prétentions s'il le désire. Par contre, s'il estime ne pas vouloir ou pouvoir travailler en-dessous d'un certain seuil, il peut en faire part au jury de la collectivité. « Tout est négociable du moment que le candidat argumente sa proposition, la présente en toute transparence, sans agressivité, de manière calme et posée, estime Christelle Carcone. Rien de pire que de tourner autour du pot, de ne pas se positionner clairement... ».

* le cabinet de recrutement Hays estime que le niveau de rémunération privé/public sur des fonctions similaires est inférieur de 10 à 12% dans la fonction publique territoriale.