Se tenir au courant de l'actualité territoriale

Au delà des formations "métiers" et de la préparation aux concours, les fonctionnaires territoriaux ont à coeur d'actualiser leur connaissance sur leur environnement de travail. « Les cadres ont besoin de se tenir informés sur les évolutions législatives, juridiques et réglementaires, les réformes en cours comme celle sur les rythmes scolaires, les nouvelles lois comme celle sur le mariage pour tous » indique Catherine Giardina, responsable formation et gestion des compétences à la Mairie de Montataire (330 agents), dans l'Oise. Une tendance confirmée par Le Forum, un organisme qui forme depuis 30 ans 1200 élus et cadres par an. « On note un intérêt croissant sur les impacts des lois de finances, la gestion de la dette, les questions liées à la réforme territoriale, les enjeux et les conséquences de l'intercommunalité, ce qui est logique à l'heure où la loi de 2010 amène de profonds bouleversements dans le paysage intercommunal » souligne Philippe Lottiaux, coordinateur des formations au Forum. Le Centre national de la fonction publique territoriale qui forme 900 000 fonctionnaires chaque année l'a bien compris aussi. En 2013, il a renouvelé 25% de son offre pour offrir des formations à la pointe de l'actualité et de l'évolution des politiques publiques.

Un engouement pour le management

Autre intérêt : les formations liées au management, avec ou sans coaching interne ou externe. « Les besoins augmentent car les missions du manager ou de l'encadrant se complexifient sous l'effet de l'évaluation des agents, de leur gestion de carrière, de la tenue d'objectifs et de performance » explique Luc Dumont, manager du Service Public à Cegos. Cet organisme privé qui forme 6000 agents dans les trois versants de la fonction publique a vu sa fréquentation sur cette thématique bondir de près de 40% en 2012. Certains agents s'investissent même dans des cycles de perfectionnement complet bâtis sur les résultats de diagnostics sociaux. C'est le cas par exemple pour les 260 cadres de la Ville de Bordeaux et pour ceux du Conseil général des Deux-Sèvres. Dans cette collectivité, cadres, chefs de mission et chefs de projet suivent des sessions de formations depuis octobre 2012 et étalées sur deux ans. « Nous les menons en interne pour créer un sentiment d'appartenance au Conseil général, précise la DRH Magalie Auger. Des comédiens sont venus caricaturer des modes de management, nous avons mixé les niveaux hiérarchiques pour éviter que le cadre et son n+1 ne se retrouvent dans le même groupe ». 170 agents ont d'ores et déjà suivi un des quatre modules du programme. « L'objectif est d'initier une ouverture d'esprit, d'agir sur la dimension individuelle, relationnelle et émotionnelle, de faire prendre conscience de l'importance de l'individu dans le travail quotidien des directions opérationnelles ».

De la lutte contre le stress à l'illettrisme

La prévention des risques psychosociaux (stress, harcèlement, burn-out, mal-être...) est la dernière tendance en matière de formation dans la fonction publique. Elle intéresse surtout les encadrants, les professionnels de la santé et les services ressources humaines des grosses collectivités. Chez Cegos, les formations en RPS sont passées de 6% à 10% en un an. « Ce thème n'existait pas il y a trois ans, souligne Luc Dumont. Mais avec la baisse des effectifs, l'exigence toujours plus forte de performance, de réduction des coûts et de qualité des services aux usagers, avec les changements organisationnels que traverse la fonction publique, les agents sont de plus en plus stressés, sous pression. Les managers et les RH sont en recherche de solutions pour identifier les symptômes et agir ». L'intérêt est encore timide mais jugé suffisamment porteur pour que le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) en fasse l'objet d'une étude et l'intègre dans son catalogue de formation, avec d'autres sujets d'intérêt général. « En dehors des risques psychosociaux, nous investissons aussi le champ du développement durable, de la lutte contre les discriminations, du handicap et de l'illettrisme » précise Denis Cristol, directeur de l'Ingénierie au CNFPT. La communauté d'agglomération d'Amiens s'est ainsi engagée depuis 2012 dans un ambitieux programme pour sensibiliser 3500 agents aux discriminations. La Ville d'Angers forme depuis 2010 près de 1600 agents de la région aux pratiques zéro phyto dans la gestion des espaces publics. A Mayotte, plus de 500 agents territoriaux de catégorie C ont été formés à la maîtrise du français à l'écrit ou à l'oral. En 2012, plus de 34 000 journées formation stagiaires ont été dédiées à la lutte contre l'illettrisme, soit une augmentation de 88 % par rapport à 2011, indique le CNFPT dans son dernier rapport annuel.