Le 1er baromètre des salaires de la santé établi par le cabinet de recrutement en intérim Appel Médical a passé au crible plus de 800 000 feuilles de salaire* de professionnels exerçant dans douze métiers de la santé. Premier constat : leur rémunération a peu augmenté (+0,8%) au premier semestre 2012 par rapport à 2011. Deuxième constat : la pénurie de certains profils n'a pas beaucoup d'influence sur les salaires. C'est le cas en particulier pour les infirmières.

Un salaire modéré pour les infirmières

Surprise : l'infirmière, première profession médicale et paramédicale, quelle soit diplômée d'Etat, anesthésiste ou au bloc opératoire, a vu son salaire peu évoluer : entre 0,8% et 0,9% au premier semestre 2012 comparé à 2011, alors même que la fonction publique hospitalière mais aussi les secteurs privé et associatif ont du mal à recruter. Raison invoquée par le baromètre : les conventions collectives en vigueur dans les établissements de soins qui fixent le montant des rémunérations.

La fonction publique rattrape le privé et l'associatif

Les infirmières diplômées d'Etat sont mieux payées dans le secteur associatif (2 302 euros brut mensuel début 2012) que dans le privé (2 116 euros) ou le public (2 099 euros). Et il vaut mieux qu'elles exercent en Auvergne plutôt qu'au Nord Pas-de-Calais, région la moins rémunératrice. « Attention : la grille d'évaluation dans le public est valorisée tous les 6 mois, alors qu'elle est stable dans l'associatif et dans le privé depuis plusieurs années, signale Stéphane Volleau, responsable communication et marketing de Appel Médical. Le public est en train de rattraper le privé et l'associatif. »

Les infirmières anesthésistes s'en sortent mieux dans le privé avec 3 906 euros brut par mois. « Ce secteur augmente les salaires pour pouvoir attirer ces profils très demandés ». La fonction publique et le secteur associatif sont au coude à coude : respectivement 3 772 euros et 3 767 euros. Plus l'établissement de santé (public et privé) est petit, mieux il paie ses employées. Et c'est l'Ile-de-France la plus attractive : 3 981 euros en moyenne en 2011.

Quant aux infirmières de bloc opératoire (IBODE), leur rémunération s'élève à 3 136 euros bruts par mois. Si les petites structures de soins leur offrent le meilleur salaire, c'est le secteur privé qui les a le plus augmenté : +1,9% entre 2011 et 2010, contre +1,2% dans l'hospitalier public.

Le public rémunère mieux les profils peu qualifiés

Du coté des aides-soignants et des agents de service hospitalier, la fonction publique remporte la palme de l'employeur le plus rémunérateur. Les premiers touchent un salaire de 1 728 euros brut par mois en moyenne début 2012, à comparer au privé et ses 1 623 euros, et à l'associatif avec 1 720 euros. Pour les seconds, le salaire était de 1519 euros en 2011 dans le public, soit environ 100 euros de mieux que dans le privé et l'associatif. Et c'est en Ile-de-France qu'ils sont le mieux payés.

« Même si les salaires sont relativement faibles pour ces métiers, la fonction publique rémunère mieux les qualifications les plus basses que le privé ou l'associatif. C'est liée à la vocation sociale du secteur public. Beaucoup d'aides-soignants ou d'agents de service hospitaliers choisissent de l'intégrer pour cette raison-là » indique Stéphane Volleau.

Et dans la petite enfance ?

Dans les métiers de la petite enfance, 9 500 fiches de paie* d'auxiliaires puéricultrices et d'auxiliaires de crèche ont été prises en compte. «  Ce n'est pas une base suffisante pour dégager une  différence entre les secteurs publics, privés et associatifs. Néanmoins on peut affirmer que ces professionnelles sont très présentes dans les maternités et dans les crèches des centres hospitaliers qui les ont mises en place pour leurs propres collaborateurs. Ce sont d'ailleurs les plus grosses crèches de France ».

Les auxiliaires puéricultrices, avec un salaire moyen de 1 552 euros bruts mensuel au premier semestre 2012, travaillent essentiellement dans les maternités et les crèches. Elles sont très recherchées dans le sud-est et le sud-ouest, à Paris et en Ile-de-France, région où les salaires sont les plus attractifs et la hausse la plus conséquente : + 3% en un an. Les plus de 50 ans bénéficient de la meilleure rémunération avec 1 615 euros bruts par mois en moyenne.

Avec leur faible niveau de qualification (CAP Petite Enfance), les auxiliaires de crèche gagnent peu - 1 392 euros bruts par mois en 2011, 1 418 euros début 2012 - quelque soit la région géographique et l'âge de l'employée.

Bon à savoir :

Ce baromètre va être rendu public tous les ans. Le prochain devrait paraître en mars/avril 2013. Il permettra de connaître les salaires des professionnels de la santé sur les années pleines 2011 et 2012.

*étude réalisée sur les salaires bruts mensuels (hors congés payés, indemnités de fin de mission et primes) touchés en 2010, 2011 et au premier semestre 2012.
Précision : les intérimaires sont rémunérés au même niveau qu'un salarié titulaire.